Des raisons d’y croire

Publié le par Masta

Il suffit parfois d’un match référence pour faire oublier plusieurs années de disette, pour que les supporters croient de nouveau en leur équipe. L’équipe de France a fait ce match, voire ces matches. Contre l’Italie dans un premier temps, mais surtout contre la Serbie, l’EdF version Euro 2011 a sorti exactement ce qu’il fallait pour convaincre les amateurs de basket qu’elle est l’une des meilleures équipes au monde et surtout pour faire taire les médisants, si prompts à critiquer la sélection nationale. Décryptage.


Sérénité défensive


Après trois premiers matches maîtrisés dans l’ensemble face à des adversaires relativement modestes, la Lettonie, Israël et l’Allemagne des trop peu épaulés Nowitzky et Kaman, l’équipe construite par Vincent Collet a montré que l’une de ses principales forces dans cet Euro est sa capacité à défendre durement. Noah et Batum en sont la parfaite illustration. L’un par sa capacité presque boulimique à gober les rebonds et à refreiner les ardeurs des pivots adverses. L’autre par ses innombrables interceptions et déviations qui sont à l’origine de la plupart des contre-attaques françaises. Mais ils ne sont bien sûr pas les seuls.

Et c’est en ça que l’équipe de France a séduit sur les premiers matches. Cette hargne défensive se retrouve également chez des mecs comme Flo Piétrus, toujours là où il faut quand il s’agit de perturber les intérieurs adverses, ou Andrew Albicy, le pot de colle par excellence. Une équipe séduisante défensivement du 5 majeur au fond du banc. Vincent Collet a   réussi à créer cette solidarité défensive qui a clairement manqué à l’équipe de France depuis de nombreuses années.


bobo-svelte.jpgPourtant, les premières inquiétudes arrivaient. Et si l’équipe de France était trop « Tony-dépendante » en attaque, pour reprendre l’expression de la plupart des journalistes et observateurs ? Après ces trois premiers matches, effectivement, le meneur des Spurs apparaissait clairement comme indispensable aux Bleus avec 22 points et 7 passes décisives de moyenne.

Or, cette année, cette Tony-dépendance, qui a fait dire à beaucoup de monde que le jour où il aurait un coup de mou l’équipe de France ne pourrait plus aller de l’avant, 

 (Il fût un temps où Bobo était svelte)                                   est beaucoup moins criante qu’avant.


Sur les trois premiers matches, Batum et Gelabale ont joué leur rôle de scoreurs de l’ombre, qui noircissaient leurs lignes de stats sans faire de vague, avec une régularité assez déconcertante. Joakim Noah, pour sa première campagne en bleu, a apporté une dimension physique et une science du rebond à la raquette française qui ont amené un sacré paquet de points sur seconde chance. Boris Babacar Diaw-Riffiod (oui, c’est son nom complet) s’est retrouvé poste 4 et a fait plus d’une fois fait sortir de leurs shorts ses adversaires directs. Bref, Tony Parker, bien qu’ultra-important pour l’équipe de France, n’est plus aussi indispensable qu’avant. Non pas qu’il soit moins bon qu’avant, bien au contraire. Simplement parce que, pour la première fois, on sent qu’il y a du monde derrière lui. Et c’est rassurant.


Parker, mais pas que…


Cela n’a jamais été aussi vrai que lors des deux derniers matches de ce premier tour, face à l’Italie du trio infernal Bargnani, Belinelli, Gallinari, puis face à la Serbie de Teodosic, Krstic, Perovic et autre Keselj. Contre l’Italie tout d’abord, Parker a vu son temps de jeu réduit suite à une béquille reçue en début de rencontre. L’équipe de France d’il y a quelques années se serait écroulée et aurait laissé filer le match. Pas l’équipe de France version 2011. Tout le monde y est allé de sa contribution, à commencer par Diaw, magistral en deuxième mi-temps, qui a rendu fou les intérieurs italiens avec ses moves au poste bas (moves qui sont d’autant plus impressionnant étant donnée la largeur de son arrière-train).

gelabaleGelabale, absent en première mi-temps pour cause de dos douloureux, est allé au bout de ses réserves en seconde période pour rentrer des shoots à 3 points cruciaux (à croire qu’il est le seul à savoir shooter derrière l’arc…). Car, contrairement à ce que pourrait laisser penser son patronyme, il ne garde pas souvent la gonfle et apparaît comme l’un des rois du catch and shoot en Europe.

(Ca fait 10 ans qu'on te le dit, tu es mieux sans tes dreads)

 

Flo Piétrus a fait taire Bargnani, jusque-là inarrêtable. Au final, une victoire acquise dans la douleur. Mais surtout la preuve que l’équipe de France est capable de gagner sans Parker ou presque. De quoi donner une sacrée confiance à ses remplaçants que sont Albicy et De Colo.


Arrive le dernier match, le plus compliqué, face aux Serbes, finalistes du dernier Euro. Malgré quelques lacunes défensives sur les écrans qui ont fait sortir de ses gonds notre ami Monclar et qui ont surtout été à l’origine d’un bon nombre de shoots extérieurs (Keselj et son 7/9 derrière au-delà de la ligne…), l’équipe de France a été extrêmement solide mentalement pour se sortir du piège serbe et de la nullité du trio arbitral en seconde période.

On pardonnera à Nicolas Batum ses deux lancer-francs ratés dans la dernière minute qui ont conduit à une prolongation tant ses interceptions ont été précieuses. On pardonnera à Gelabale d’avoir fait un match plutôt moyen tant ses deux shoots en prolongation (le seul trois points français du match) ont fait du bien. On pardonnera à Kevin Séraphin ses matches moyens auparavant tant il a apporté sur ce match en doublure de Noah. On pardonnera à tous les autres leurs petites erreurs tant chacun a eu un rôle à jouer, que cela soit offensivement ou défensivement. Bref, on pardonnera tout à cette équipe de France tant elle a été solide sur ce match.

George Eddy ne s’y est pas trompé, ce France-Serbie est le meilleur match des bleus depuis de nombreuses années.

Reste maintenant à confirmer face aux trois pointures qui les attendent au second tour : Turquie, Lituanie et Espagne. Cette équipe de France est la meilleure depuis la finale de Sydney. Pas sur le papier, sur le terrain. Et au final, c’est ce qui compte…

 

 

 

Publié dans Basket

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